Reprendre contact avec son corps grâce au Yoga (1ère partie)

J'ai commencé à pratiquer le yoga en 2001 à la suite d'une maladie dite orpheline, la sarcoïdose dont personne ne connait vraiment l'origine ni comment la soigner et touchant particulièrement les personnes de race noire. Dans mon cas elle s'est manifestée par l'apparition de bleus et de gonflements sur mes jambes, appellés érythèmes noueux. J'ai eu la chance de ne pas développer une forme plus grave qui atteint principalement les poumons et les organes internes. La seule chose que les médecins me conseillaient c'était le repos.

Une amie m'a emmené à un cours de yoga et la prof m'a dit que c'était tout à fait recommandé pour la circulation sanguine, du coup avec mes problèmes de bleus sur les jambes, je n'ai pas hésité!

J'ai commencé par pratiquer l'Ashtanga yoga, un style très dynamique originaire du sud de l'Inde créée pour les jeunes hommes des castes guerrières et correspondant parfaitement avec mon tempérament de l'époque de fonçeuse aimant les défis en tous genre. Au début ma pratique n'était pas très régulière et mon ancien mode de vie "sex drog rock'nroll" pas très adapté! Et puis petit à petit, le temps et les blessures de la vie aidant, ma pratique s'est régularisée, jusqu'à réellement s'intensifier au cours de l'année 2006 au cours de laquelle je pratiquais quasi tous les jours pendant 1h30 à 2h. C'est durant cette période que j'ai un peu tout remis en question, j'entrai alors réellement dans une profonde introspection...

A la fin de l'année je décidai de partir quelques mois en Inde pour découvrir de mes propres yeux ce pays d'où le Yoga dit-on est originaire... J'y découvris la rigueur et la discipline des maîtres indiens, les douleurs dues à une pratique trop intense et mal maîtrisée, les croyances aveugles des occidentaux en mal d'exotisme, mais ce que je garde de ce voyage c'est l'omniprésence du sacré partout dans les rues, dans les maisons, dans l'atmosphère... La misère bien-sur mais elle n'est rien en comparaison avec la richesse et  la beauté de la Culture du pays. (je ne cherche pas à minimiser la pauvreté j'ai juste décidé de tourner mon regard vers autre chose...). En ce sens, l'énergie que j'y ai ressentie était comparable à celle que j'avais ressentie en posant les pieds sur ma terre d'origine: l'Afrique.

Après cet épisode en Inde, ma pratique changea totalement, me rendant compte progressivement que j'étais dans la compétition avec moi-même quand je tentais de réaliser les postures. Ayant déménagé j'ai dû m'adapter à l'offre restreinte de cours de la zone où je me situais et choisi un cours de Hatha yoga principalement fréquenté par des personnes plus agées que moi. La prof ne m'appréciait guère j'étais trop souple pour elle et elle sentait probablement le sentiment de compétition qui se dégageait de ma pratique à cause du style que j'avais l'habitude de pratiquer et qu'elle ne portait visiblement pas dans son coeur. Pourtant, j'étais ouverte à son enseignement mais je crois encore aujourd'hui qu'elle même ne devait pas être au clair avec sa propre pratique vue la façon dont elle s'inventait des histoires et se comparait à moi alors que j'essayais justement d'intégrer sa façon d'enseigner. Ce fut cependant une expérience intéressante à travers laquelle je compris que le corps et le mien en l'occurence, pouvait provoquer des réactions parfois violente chez les autres. Pour aller plus loin et exprimer clairement et sincèrement ma pensée, les différences de morphologie peuvent  poser problèmes à certaines personnes qui sont trop habituées à des standards qui leur sont propres. Un corps d'africaine est différent d'un corps d'occidentale et les différences ont souvent tendance à être gommées au lieu d'être affirmées et assumées...

C'est aussi cette expérience d'un enseignement radicalement différent de celui dont j'avais l'habitude, qui m'a montré à quel point les pratiquants et même les enseignants de yoga, sous couvert de tolérance et d'acceptation, pouvaient être fermés. Je vécus cela comme une expérience parmi tant d'autres et décidai que je ne serai pas de ces gens là et resterai ouverte aux différents styles pour pouvoir retirer l'Essence du Yoga et de la pratiques des postures. Je commençai alors à apprécier à sa juste valeur cette capacité d'ouverture qui m'est propre.

A suivre...